Voreppe Avenir

Hoirie : une erreur historique

Lors du conseil municipal du 24 septembre 2015, le débat sur le programme d’aménagement de l’Hoirie a été houleux.

Vous pouvez consulter l’intégralité de notre intervention en suivant ce lien.

Ce billet a pour objectif de la compléter en abordant les points suivants

Notre réaction est à la hauteur des conséquences négatives de ce projet à court, moyen et long terme.

Nous pensons que c’est une erreur historique pour le développement de notre commune de ne pas concevoir, à cet endroit stratégique, un quartier permettant le développement d’une offre de logement accessible au plus grand nombre et permettre un parcours résidentiel complet sur notre commune. Il en va de son avenir et de son dynamisme à très moyen terme.

Une situation géographique exceptionnelle

La situation géographique de l’Hoirie est exceptionnelle. Ce quartier est à proximité de l’ensemble des services et de la gare.

Et c’est bien sur cette promesse que le Pays Voironnais pouvait envisager une participation financière de plusieurs millions d’euros au titre des quartiers structurants.

Mais le projet envisagé n’est qu’un lotissement privé qui ne répond ni aux critères de financement des quartiers structurants ni aux enjeux de rajeunissement de la population.

Il ne permettra ni d’enrayer la baisse d’effectif des écoles ni d’asseoir la fréquentation de la gare de Voreppe dont le nombre d’usagers est en baisse depuis un an après une augmentation régulière jusque là.

Cette situation est connue de la majorité mais elle est volontairement ignorée.

Évolution de l'âge de la population à Voreppe entre 2007 et 2012

Évolution de l’âge de la population à Voreppe entre 2007 et 2012

Pourtant, c’est bien le développement de notre commune et non pas quelques places de parking qui maintiendra la gare et qui permettra l’arrivée de jeunes familles pour renflouer nos écoles.

Notre population vieillit, c’est un fait. La réalisation de logements accessibles aux jeunes n’a pas été anticipée par les municipalités précédentes et les projets que nous avions initiés pour répondre à ces enjeux sont arrêtés pour répondre le plus souvent à des intérêts particuliers.

Anne Gérin rétorque que l’urbanisation de la commune, ce n’est pas que l’Hoirie.
C’est une évidence, une lapalissade dirons-nous, Bien sûr, des logements doivent et vont se faire ailleurs.

Mais ce ne sera pas avant plusieurs années, et surtout pas sur un emplacement aussi stratégique, en plein centre (même si c’est le centre élargi) et si proche de l’ensemble des services, des écoles les plus « fragilisées » et de la gare. Les logements envisagés au Champ de la Cour (près de la piscine) n’alimenteront pas l’école Stravinski qui s’affaiblit aujourd’hui et encore moins l’école Stendhal.

Des questions, peu de réponses valables

Nous avons posé des questions précises (cf. notre intervention) et les réponses ne sont pas satisfaisantes. Certaines frisent l’escroquerie intellectuelle

Sur la densité

La majorité semble vouloir activer « une petite ligne du contrat » dans le SCoT qu’elle interprète à son avantage pour atteindre la densité réglementaire de 0,5. [1]

Parce qu’elle choisit la forme juridique ZAC pour une opération contenant une activité commerciale, elle pourrait enlever du calcul de la densité tous les espaces publics : on ne compte plus les routes, les stationnements, les trottoirs etc … C’est tout de suite plus facile pour atteindre un objectif minimum de densité.

Mais c’est artificiel et c’est une escroquerie intellectuelle : En quoi une forme juridique change-t-elle la réalité d’un quartier ? Avec ou sans prise en compte des espaces publics, l’opération proposée reste un lotissement et en aucun cas un quartier structurant

Une densité de 0,5 avec ce mode de calcul n’a pas de sens. Avec le même calcul, le centre-bourg ou le clos Saint-Jean (la MAPA) auraient une densité de 3.

Le 0,5 avancé n’a aucune signification si ce n’est une nouvelle fois « tripatouiller » les chiffres pour cacher le manque d’ambition et de réponses aux enjeux de ce projet.

Sur le type de logement social

La majorité ne donne aucune réponse sur les catégories des logements qu’elle va proposer. Au mieux elle ne veut pas le dire, au pire elle n’en a aucune idée, dénotant alors un manque de prise en compte des besoins réels des habitants.

Sur le prix de vente des logements privés

Le coût au m² est important pour savoir quelle population pourra s’offrir ces logements.

L’enjeu est de taille si l’on veut permettre de s’installer à des jeunes, des familles avec enfants pour nos écoles et nos associations.

La majorité vise un coût de sortie « inférieur à 3000€/m² ».

A ce tarif là, il est certain que la capacité des jeunes ménages à s’installer sera fortement entamée et qu’un parcours résidentiel à partir de l’Hoirie ne pourra tout simplement pas débuter.

De plus la faible densité prévue et le type d’habitat envisagé rendent cet objectif très difficile à atteindre.

Des arrières-pensées idéologiques

Sur la définition même du programme de l’Hoirie, ce qui nous a profondément choqué, c’est d’entendre encore et encore cette association entre un habitat collectif à l’Hoirie et les quartiers de Fontaine, Echirolles, Villeneuve…

Ce verbiage idéologique fait partie de l’argumentaire de la majorité. Il est sous-jacent la plupart du temps et revient régulièrement sous les projecteurs pour masquer la pauvreté de leurs arguments.

Il est évident que cette référence aux « grands quartiers » n’est pas liée à la densité de l’habitat, la densité de ces quartiers et le nombre d’habitants ne pouvant être comparables. Nous savons tous qu’irrémédiablement derrière cette évocation surgissent les notions de logements sociaux, précarité, immigration, familles à problème, délinquance….

Bien entendu la majorité municipale se défend avec force cris d’avoir de telle pensées, mais pourtant nous avons droit régulièrement à ces clichés.

Ces propos sont volontaires pour faire peur et provoquer le repli sur soi, tout comme M. Rémond qui dit participer à une réunion de sécurité alors qu’il s’agissait de la réunion prévention mis en place depuis plus de 6 ans dans la commune.
Les mots ont leur importance, ces deux notions et ces clichés véhiculent un regard sur l’autre très différent et la mise en place d’actions publiques à l’esprit lui aussi très différent.

Nous n’avons pas la naïveté de nier que certains quartiers de l’agglomération grenobloise sont en grande difficulté. Mais c’est le plus souvent, l’abandon de ces espaces par les institutions, les services publics, les commerces, associations, la perte de mixité sociale et/ou l’absence de projet culturel et éducatif qui ont rendu la vie difficile dans ces quartiers, pas la hauteur des bâtiments. Le boulevard Haussmann à Paris, se porte très bien, merci.

La vraie richesse d’une commune, ce sont ses habitants et leur diversité, le dynamisme de ses associations sportives et culturelles, la gestion des équipement publics, la qualité du service à la population, les événements festifs et fédérateurs tout ce qui donne vie à cette espace commun partagé.

Il est mensonger, discriminant et insultant pour les personnes de laisser penser qu’un quartier nouveau à Voreppe avec des petits collectifs de 3-4 étages et 25% de logements sociaux, créerait irrémédiablement un quartier à problèmes.

Les bénéficiaires de logements sociaux ne sont pas tous, comme le clament à tort certains, des personnes défavorisées, en situation de précarité ou en grande difficulté sociale. Au contraire, c’est justement pour lutter contre tout effet de ghettoïsation que ces logements sociaux sont accessibles à une grande partie de la population. Le Haut conseil de la Famille rappelle d’ailleurs que 70 % de la population française peut prétendre, du fait de ses revenus, à un logement social.

Curieusement, la majorité se félicite du projet immobilier qui se construit entre le collège du Sacré Coeur et la mairie et qui comporte pourtant des immeubles de 4 étages + attique, 25% de logements sociaux et une densité (réelle) proche de 0,7.

Manifestement, les justifications annoncées pour proposer ce nouveau projet sur l’Hoirie ne s’appuient pas sur des arguments sérieux et cohérents mais sur une idéologie et une volonté de ne pas nuire à des intérêts particuliers.
Le manque de courage politique n’est jamais positif sur le long terme.


Contrairement à la municipalité actuelle, nous continuons de penser que c’est la diversité de ses habitants et le dynamisme de la vie dans l’espace collectif qui font la richesse d’une ville et permet son développement et ceci que l’on habite une maison individuelle ou au quatrième étage d’un collectif .

Pas un repli dans la naphtaline.


[1] La densité est le rapport de la surface construite et la surface totale au sol d’une zone. Dans le projet présenté, la densité réelle de l’Hoirie sera de 0,37 soit plutôt celle d’un lotissement. Le centre-bourg a une densité de l’ordre de 0,9.


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