Voreppe Avenir

Budget 2015 – Avenir et Jeunesse sacrifiés

euros

Conseil municipal du 26 mars 2015

Le premier budget de la majorité municipale était mis au vote.

Vous trouverez ci-dessous l’intégralité de notre intervention. Les choix de coupe budgétaire faits par la municipalité concernent en priorité les actions qui préparent l’avenir, notamment celles en direction de la jeunesse.

Coupes budgétaires et systématiques sur la politique jeunesse et la prévention de la délinquance (-60 %), la MJC (là aussi pour la jeunesse), le développement durable, le plan local de déplacements …

Nous avons exposé les renoncements dangereux et la méthode qui tient plus de l’opération de communication qu’une prise de responsabilité qui nécessite d’exposer clairement ses orientations.

Rester dans le flou est une stratégie qui permet de ne fâcher personne, ne soyons pas dupes !


Voici l’intégralité de notre intervention

Nous avions déjà souligné la pauvreté du Débat d’Orientation Budgétaire en terme de perspective et espérions sincèrement que ce budget nous éclairerait et donnerait les lignes de forces de l’action municipale des années à venir.
Malheureusement, toujours aucune orientation claire.

Pas de présentation du plan pluri-annuel d’investissement (une courbe présentée lors du Débat d’Orientation Budgétaire à la va-vite ne fait pas un projet de mandat)

Pas de prospective en investissement, fonctionnement et Ressources Humaines hormis un affichage d’objectif global.

Pas de traduction claire de l’impact de vos choix sur les services rendus aux Voreppins et le développement de notre commune.

C’est au mieux une faute de gestion, au pire une volonté délibérée de ne pas les assumer.

Après un an de travail, les voreppins sont en droit d’avoir une vision sur les résultats de votre travail et les directions que vous voulez prendre.
Ce manque d’orientation est renforcé par une certaine opacité dans votre présentation du budget.

Un chiffre est présenté par rapport au compte administratif, un autre par rapport au budget précédent. Cela permet de présenter les chiffres comme ça vous arrange mais rend impossible toute étude d’évolution.

Nous avons fait plusieurs demandes dans le cadre de la préparation budgétaire et rien n’a été transmis ou transmis très tardivement : la maquette budgétaire complète nous a été envoyée il y a à peine deux jours. Vous conviendrez que c’est court pour un document financier de plus de 100 pages sur lequel nous devons nous engager. Nous avions demandé d’autres éléments en commission comme un état des éléments financiers des associations, les mouvements de Ressources Humaines suite aux arbitrages même si le budget est annoncé à enveloppe constante. Nous ne les avons pas reçus.

Vous aurez tout loisir de faire des opérations de communication dans le Voreppe Emoi, nous n’en doutons pas, mais un véritable travail en commission est primordial pour un débat sur le fond, entre représentants de la population.

Notre commune s’est dotée d’outils de gestion financière performants. La comptabilité analytique que nous avons mise en place pendant notre mandat permet d’avoir une vision globale et cohérente de chaque grande politique publique. Vous avez décidé de ne pas l’utiliser et d’éclater cette vision sur plusieurs lignes budgétaires et donc dans plusieurs commissions. On voit des actions dans une commission, les investissements d’entretien dans une autre, les impacts Ressources humaines dans une troisième. Tout cela globalisé sur l’ensemble des dépenses, sans effort d’analyse autre que répondre à nos questions forcément ponctuelles.

Les grandes masses de l’équilibre budgétaire

Après cette introduction sur la méthode, passons aux grandes masses du budget.
La lettre de cadrage de la construction budgétaire imposait une évolution nulle des dépenses de fonctionnement et de personnel par rapport au dernier compte administratif disponible, comme nous l’avons toujours fait car c’est une méthode sécurisante.

Le compte administratif retenu est donc celui de 2013 voté en mai dernier. Etaient également prises en compte dans cette référence, les dépenses de fonctionnement apparues depuis et prévues au PPI comme la reforme des rythmes scolaires, l’arrosoir ou le centre social autant en dépenses qu’en recettes.

Nous ne pouvons dire si la lettre de cadrage, c’est a dire les objectifs d’évolution de la collectivité fixées pour ce budget sont respectés car cela ne nous a pas été présenté sous cette forme.

Vous avez choisi de présenter des évolutions par rapport au budget primitif 2014. Un budget primitif, en tout cas pour nous, a toujours tendance à maximiser les dépenses et minimiser les recettes, par prudence. Les évolutions affichées n’en sont qu’améliorées mais ne reflètent pas la réalité.

De plus, vous ne semblez pas avoir été très prudents sur vos évaluation de recettes et dépenses.

Nous prendrons comme exemple la suppression des 200 000 euros pour imprévus sur les investissements. Effectivement, cela dégage une bonne marge de manœuvre. Mais nous rappellerons que cette ligne a toujours été inscrite dans les budgets de la commune et a permis par le passé de faire face à l’urgence comme la crue de la Roize qui a emporté le chemin du Gigot ou plus récemment, les chutes de pierre des falaises des Balmes sur une entreprise. Cette somme a permis de traiter en urgence la sécurisation et un redémarrage rapide de l’activité.

Nous espérons que cette somme ne sera pas nécessaire mais nous ne jugeons pas très prudent la disparition de cette réserve d’urgence.

Des recettes nous semblent sur-estimées, comme pour la piscine, mais nous y reviendrons

Enfin malgré nos demandes et bien que ce soit un de vos objectifs important, avec raison, nous n’avons pas eu de présentation d’une prospective concernant les ressources humaines. Vous avez profité de départs à la retraite et de départs inhérents à tout changement de municipalité.

Nous vous avons demandé le détail des évolutions et mouvements de postes en interne. Nous n’avons eu aucune information. Avez-vous même mené ce travail indispensable pour cette année et les années à venir ? Quel en est le résultat ? personne ne le sait.

Quelques points à noter

Mais rentrons un peu dans le détail

De nombreux postes incontournables sont reconduits. Ce n’est pas la révolution annoncée

Comme déjà dit, la présentation que vous nous en avez faite est biaisée. Nous ne décortiquerons pas le budget point par point mais nous nous attarderons sur quelques points notables illustrant certains renoncements.
La suite de mon intervention sera basée sur les différentes présentations faites en commission. Si votre discours et votre présentation d’aujourd’hui a évolué depuis 15 jours, j’essaierai de le mentionner.

La piscine

Des investissements sur la piscine sont planifiés.

Pour 2015, la phase de travaux portera sur la qualité de l’eau.

L’accessibilité sera traitée en 2016.

Nous réaffirmons notre accord sur ce projet que nous avions commencé à travailler.

Par contre, dans votre demande de subvention à la région pour 2015, vous avez globalisé ces travaux sur la qualité de l’eau avec ceux qui concernent l’accessibilité qui sont prévus en 2016. Hors, seuls les travaux d’accessibilité sont éligibles et la subvention ne sera versée qu’une fois ces travaux effectués donc en 2016.

C’est pour nous un tour de passe-passe qui nous fait mettre en doute le volet de recettes. Vous inscrivez une recette d’investissement de près de 70 000 € ce qui permet d’équilibrer votre budget alors que vous savez pertinemment qu’ils ne seront pas perçues. Vous nous l’avez d’ailleurs confirmé en commission.

Les écoles

Sinon, concernant les écoles,

Vous avez annoncé dans votre tribune et votre edito de septembre 2014 que l’adjoint chargé des affaires scolaires, périscolaires et de la petite enfance, devait présenter au plus vite un plan pluriannuel de travaux car, selon vos dires, il y avait sur les bâtiments des écoles, je cite, « un manque criant d’intérêt et d’investissement » et que « la qualité du travail au quotidien des enfants en souffrait ».

Bien entendu aucun plan n’a été présenté. Mais une simple reconduction budgétaire.

Vous poursuivez l’entretien et l’amélioration progressive entamés depuis plusieurs années.

Tant mieux et c’est des plus normal.

Mais en aucun cas ce budget ne traduit la révolution annoncée à grand coup de communication. Peut-être tout simplement parce que la situation était plus nuancée qu’annoncée.

Entretien du patrimoine

Ensuite,

Vous annoncez 35 % d’augmentation sur l’entretien du patrimoine. Bel affichage qui porte sur 38 000 euros supplémentaires que vous dégagez pour de l’entretien nécessaire sur un investissement total de 1 566 000 €

C’était à faire, nous n’avons pas d’objections.

Gymnase et roller hockey

Enfin,

Le sol du gymnase Pigneguy va être refait pour 125 000 euros compte tenu que vous ne souhaitez plus accueillir l’activité du Roller Hockey qui engendrait un surcoût. C’est un choix.

L’activité de ce club va donc s’arrêter à Voreppe comme vous nous l’avez confirmé. Une solution sur Voiron est envisagée. Si les adultes pourront se déplacer, notons que cela empêchera probablement les enfants de poursuivre leur pratique sportive.

Mais ce qui est le plus choquant est la méthode employée.

Vous nous avez présenté votre décision en commission il y a environ 15 jours.
Quand nous avons posé la question de l’accompagnement de l’association et comment elle percevait la solution alternative proposée, vous nous avez dit

« Nous n’avons pas encore rencontré le club et nous comptons sur vous pour ne pas ébruiter l’affaire d’ici là ! »

Bien qu’heurtés par ce manque de considération et de travail en partenariat avec l’association, nous avons accédé à votre demande.

Nous ne savons pas si vous avez depuis rencontré cette association mais vous prenez des décisions capitales à la survie d’une association et ne prenez même pas la peine de discuter en amont avec elle. Mise devant le fait accompli elle n’aura d’autre choix que de s’y plier.

C’est profondément choquant pour la reconnaissance de l’investissement bénévole et nous condamnons fermement la méthode employée.

Encore un mot sur Pignéguy : que devient le terrain stabilisé libéré de la chaufferie et qu’il fallait à tout prix conserver au sport ? Ça n’avait pas de prix nous a-t-on dit, mais visiblement il a un coût que vous n’avez pas jugé nécessaire d’inscrire au budget. Laissé à l’abandon, c’est aux herbes folles qu’il appartient aujourd’hui.

Les sacrifiés

Mais d’autres pans entiers de l’action de la ville sont mis à mal, voire sacrifiés

Sacrifiée : la Politique jeunesse

La Politique Jeunesse, action majeure de prévention voit son budget baisser de 60 % passant de 50 000 € à seulement 20 000 €.

Qu’il s’agisse d’espaces d’expressions comme la scène ouverte (qui peut être réinterrogée) ou le financement du CISPD (et donc d’intervenants sur Voreppe pour la prévention de la délinquance). Vous vouliez réinterroger des actions. Soit. Mais le budget n’a pas été redéployé au profit d’autres. C’est une baisse majeure des actions en direction de la Jeunesse.

Quand on fait le parallèle avec la mise en place de la vidéo surveillance, visiblement la prévention de la politique jeunesse ne fait pas partie des solutions complémentaires que vous nous assuriez vouloir préserver et même développer.

Il semble que l’on s’oriente vers le punir plutôt que le prévenir.

Il est effectivement beaucoup plus aisé de comptabiliser les quelques incivilités punies plutôt que celles qu’une politique de prévention a évité, très difficile à quantifier. C’est tellement plus facile de faire de la communication en proclamant avec emphase la « tolérance 0 ».

Sacrifiée : la MJC

Vous nous avez annoncé en commission -27 000 € sur la subvention de la MJC. Le chiffre peut avoir changé, mais là aussi la méthode interroge

Nous avons posé plusieurs questions à la dernière commission quand vous nous avez donné ce chiffre.

  • quelles actions vont être réduites ou supprimées ?
    Pas de réponse précise.
    Nous notons que le secteur adulte étant auto-financé, c’est bien l’activité Jeunesse (là encore) qui est impactée.

  • Autre question : pourquoi la MJC uniquement et pas les autres associations ?
    Vous affichez avoir préservé le budget aux associations. La MJC n’est elle pas une association ?
    De deux chose l’une :

    • Soit effectivement le budget global des subventions au monde associatif est préservé, alors la question est : comment est reventilée cette enveloppe de 27 000 € (ou 20 000 €) dégagée sur le dos de la MJC. Quels critères ont alors guidé les choix ?
    • Soit ce n’est pas le cas, le budget aux associations n’est pas maintenu, et vous ne pouvez décemment pas vous en targuer.

La raison invoquée est que, je cite, « la MJC a un matelas d’argent sur son compte ».

Nous réfutons cet argument : la MJC a un nombre important de salariés et un fond de roulement de 3 mois pour payer les salaires. Si vous aviez été présents lors de la réunion du Conseil d’Administration de la MJC, dont vous êtes membres, vous auriez eu confirmation par le Commissaire Aux Comptes de la légitimité de ce fond de roulement nécessaire à la bonne gestion pour une association gérant un nombre aussi important de salariés

Qu’il faille faire des économies, nous ne le nions pas. Toutes les collectivités y sont soumises. Mais là encore, vous avez pris, en direction d’une association, une décision violente, hors de toute réalité, sans accompagnement ni précautions….

Les oubliés

Abordons maintenant les oubliés de ce budget. Il y en a …

Oubliée : la restructuration urbaine de Boug-Vieux – Lefrançois – Pignéguy

Les premiers aménagements se terminent.

Certes, certaines phases impliquant les bâtiments et leur environnement proche sont décalées car conditionnées par les travaux de Pluralis.

Par contre, d’autres, comme l’espace Familles aux abords de l’école Stravinsky ou les cheminements et circulation rue de bourg vieux, les aménagements de Pigneguy et du parc Lefrançois (comme le parcours vita) ne sont plus évoqués.

Vous avez dit lors du débat d’Orientation Budgétaire, reporter les travaux de le restructuration urbaine à 2021 dans votre PPI, donc hors de votre mandat.

Au Pays Voironnais, vous avez validé le décalage de crédits pour Voreppe à au moins 2018. Qu’en est t-il de leur pérennité ?

En un an, nous regrettons que les perspectives de ce chantier majeur n’aient jamais été évoquées spécifiquement dans le travail municipal. Aucun groupe de pilotage ne s’est jamais réuni.

Oublié : le développement durable

Voreppe s’était engagée dans la démarche du Développement Durable.

Votre équipe compte bien un adjointe en charge de l’Agenda 21, car oui Voreppe a été labellisée par le ministère en 2013.

Il est le fruit un travail fait avec les habitants qui avait dégagé un certain nombre d’actions concrètes à mettre en place. Que deviennent-elles ?

On peut prendre exemple sur le Pays Voironnais qui sait s’appuyer sur cet outil pour orienter ses actions et les évaluer.

Rappelons pour exemple la création du réseau de Chaleur Bois de Voreppe qui est directement issue des réflexions engagées dans ce cadre.

Aucun travail spécifique sur ce plan d’action n’a été porté et présenté. Et aucune ligne budgétaire spécifique, ou rapprochement à des lignes existantes n’ont été mises en évidences.

Loin d’engendrer des actions onéreuses, l’Agenda 21 permet d’orienter les actions de terrain vers un développement dans lequel chacun devient plus respectueux des autres et de l’environnement, des actions pédagogiques aussi.

Mais par exemple,
plus de participation à la « semaine nationale du développement durable » à laquelle Voreppe participait chaque année. C’était un moment qui permettait de mettre en lumière certaines pratiques et enjeux intéressants, sans être forcement très onéreux.

Mais par exemple,
plus de fléchage d’une partie de l’enveloppe destinée au financement des projets pédagogiques des enseignants. Certes l’enveloppe globale est conservée, encore heureux, mais le développement durable n’est plus soutenu en tant que tel alors que c’est pourtant un enjeu majeur pour l’avenir de nos enfants.

Oublié : le plan local des déplacements

Un autre grand sacrifié de ce budget est le Plan Local des Déplacements.

Alors que 200 000 euros étaient investis chaque année pour l’amélioration des déplacements de chacun et la mise en accessibilité des voiries, nous arrivons péniblement à 34 000 euros en 2015.

Anne Gérin nous avait pourtant promis que les efforts seraient poursuivis en accord avec ce plan opérationnel.

Promesse non tenue.

Conclusion

Il y a encore de nombreux points que nous aurions pu évoquer comme les baisses de financement des actions de l’école de musique et de la médiathèque. La commune doit faire des économies, vous avez fait des choix.

Pour conclure, les grandes lignes de ce budget ne montrent pas, malgré nos demandes, la ou les directions concrètes vers lesquelles vous engagez Voreppe

Une des caractéristiques majeures de cette construction budgétaire est que certaines décisions fortes ont été prises sans concertation avec les associations intéressées. C’est violent et montre la contradiction avec vos discours. Nous redoutons l’apparition d’un traitement à deux vitesses suivant les interlocuteurs.

Une autre caractéristique est que des pans entiers de l’action municipale ont été sacrifiés, sans que là encore vous n’assumiez vos choix en affichant clairement ce qui était mis en sommeil voire abandonné.

L’opacité dans la présentation que nous en avons eue lors de la préparation, le manque de transparence, sont préjudiciables à une gestion rigoureuse et une planification de l’action publique.

Le volet des recettes ou non inscription budgétaire est hautement discutable comme les 200 000 euros pour faire face aux imprévus qui nous laissent à découvert, ou encore les 70 000 euros de subventions espérées alors qu’il est certain qu’elles ne seront pas perçues.

Cela permet d’équilibrer les comptes mais cela pose des questions sur la sincérité de ce budget qui tient plus de la navigation à vue, à la petite semaine, que d’une action réfléchie et cohérente sur le temps.


Voilà pourquoi malgré les actions engagées précédemment et reconduites, nous ne pouvons cautionner
ni la méthode
ni les choix
ni les renoncements dangereux pour l’avenir qu’il induit.

Nous voterons contre ce budget

Ayant à tous à l’esprit la différence fondamentale entre pédagogie et opération de communication, je laisserai le dernier mot de notre intervention à ce que vous avez écrit dans votre tribune de décembre dernier. Je cite

« Ce premier budget de mandature, proposé par la majorité municipale, sera un acte majeur pour tracer les perspectives et dessiner les projets d’avenir. C’est pour cela que nous ne ferons pas l’économie de la pédagogie nécessaire à l’explication de ce dernier et la pédagogie n’est pas pour nous de la démagogie mais se construit en vérité. »

Après tout ce que nous venons d’exposer, vos propos résonnent singulièrement aujourd’hui.


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