Tribune décembre 2023

Consultations ?

Nous voyons fleurir avec inquiétude une nouvelle façon de « décider ». La majorité municipale, sans doute frileuse de défendre ses positions ou fatiguée de se voir contestée sur de nombreux sujets parfois par une minorité, se désengage maintenant de certaines décisions qui nous paraissent éminemment politiques.

Le dernier exemple en date est le sujet des rythmes scolaires, où, malgré une décision politique forte et motivée en 2017, il a été décidé relativement abruptement de demander l’avis des parents par un sondage, sur une question « basique » : souhaitez vous un rythme scolaire avec 4 jours ou 4,5 jours de classe.

Le travail d’analyse des conséquences d’un passage à 4 jours n’ayant pas été fait et présenté, bon nombre de parents présents à la réunion publique sont restés dubitatifs sur ce qui serait le « bon » choix.

À l’issue du sondage en ligne, entaché d’irrégularités (la mairie à porté plainte contre les auteurs), la réponse « 4 jours » est majoritaire. Et, maintenant, vite vite, il faut tout organiser pour la rentrée 2024.

Le sondage est-il l’outil idéal pour prendre la meilleure décision politique? Au moins, maintenant, toute contestation pourra être suivie d’une réponse type « vous avez décidé » !

On entend aussi parler d’un vote pour le devenir du site de la Rigonnière. Là encore, les Voreppins sauront-ils lire entre les lignes? Parlera t-on de la réversibilité ou non des projets? De la privatisation du site ou de son accessibilité à tous ?

À chaque consultation, un outil différent: Politeia (qui ne permet pas de contrôler qui vote), le site web municipal (avec des risques de fraudes qui nuisent à la sincérité du résultat). Pour la Rigonnière on évoque un vote physique en mairie, sur plusieurs jours.

Cette façon de gouverner nous parait dangereuse pour ne pas dire populiste : sauter à l’étape du choix pose problème si on ne prend pas le temps d’expliquer les conditions, les impacts possibles, les enjeux à long terme. On n’a alors qu’un avis « a priori », potentiellement orienté par la question, pas forcément une décision réfléchie dans l’intérêt général.

Même s’il est complexe d’impliquer les citoyens, nous avons le sentiment que la municipalité s’évertue à dénaturer le concept de participation citoyenne, en multipliant réunions publiques, sondages, votes à chaque mécontentement, sans donner aux citoyens, les informations nécessaires pour se forger une opinion.

C’est cette surenchère de consultations improvisées et a posteriori des décisions qui nuit à l’esprit de la démocratie. Quand la majorité se désole de la faiblesse de la participation aux élections, peut être faut-il aussi qu’elle s’interroge sur son rôle dans cette désaffection.