Le pain dans nos petits papiers

Depuis le 1er juillet 2016, les sacs en plastique sont interdits aux caisses des magasins, sans considération de volume. En échange, les consommateurs se verront proposer des sacs en plastique réutilisables (de plus de 50 micromètres) ou des sacs en papier, en carton ou en tissu, moyennant un faible coût. Cette mesure, si elle semblait improbable avant sa mise en œuvre tant les sacs plastiques étaient présents partout, est un réel succès ; la prise de conscience sur le gaspillage de ces sacs a fait son chemin.

Nous avons commencé par les sacs plastiques, loin devant bon nombre d’autres sujets en matière de pollution et de gaspillage ; toutefois, il y a aujourd’hui de nombreux autres sujets sur lesquels il nous semble possible d’agir à notre échelle.
Nous proposons d’en aborder un, sûrement pas le plus prioritaire, mais qui pourrait devenir symbolique pour la commune, voire sur le Pays Voironnais.

Pain

Selon différentes études et différents sites (dont la Confédération Nationale de la Boulangerie-Pâtisserie Française), 10 milliards de baguettes seraient consommées par an, ce qui représente en moyenne environ 120g de pain par jour et par habitant, soit encore 150 baguettes par an et par habitant.
Lorsque nous allons en boulangerie, la baguette est souvent protégée par un papier (en général publicitaire), dont le poids moyen a été estimé à 3g (ex : https://www.grandsmoulinsdeparis.com/feuilles-de-mousseline-campaillette.html)
Bien sûr, ce calcul est à nuancer, car tout dépend de sa taille (dont les fameuses « mousselines »), du nombre de pains contenus dans ledit papier, voire du conditionnement, notamment pour les collectivités (restaurant, cantines…).

Par un rapide calcul, nous arrivons, pour Voreppe, commune de 10000 habitants, à plusieurs tonnes de papier utilisées chaque année pour protéger le pain.
Bien entendu, le papier est une source de pollution bien autre que le plastique ; il peut être trié et recyclé. Toutefois, il reste une source d’énergie lors de sa production (et de son recyclage) non négligeable. Il semble donc pertinent de se poser la question de savoir si l’on ne peut pas simplement s’en affranchir, ou proposer des alternatives plus écologiquement responsables, l’objectif étant de se rapprocher d’une vision « une baguette = 0 déchet ».

L’enjeu est bien d’explorer les solutions possibles pour que notre collectivité puisse accompagner ce changement de comportement

Plusieurs solutions existent, et ont été mises en place dans d’autres communes en France :

  • Le client refuse le papier ; peu de personnes le font aujourd’hui et pourtant cette solution reste la plus simple à mettre en place, aussi bien pour les boulangeries que pour les clients. Le déchet le moins polluant est celui que l’on ne produit pas…
  • La boulangerie propose un emballage sans le mettre a priori: « Voulez-vous un papier ? » tout en n’induisant aucun coût
  • La boulangerie ne l’impose pas mais le propose « voulez-vous vraiment un papier ? » avec un surcoût symbolique (principe de la consigne… non consignée)
  • La boulangerie n’a plus de papier par défaut, mais propose des sacs à pains réutilisables pour des prix peu onéreux, comme cela a été fait pour les sacs plastiques

L’objectif est que les usagers s’y retrouvent :

  • Les vendeurs ne paient rien de plus ;
  • Les clients repartent avec du pain, protégé par un sac (ou non).

Pour avoir commencé à échanger avec des boulangeries de Voreppe, ils ne sont pas contre l’idée !

Dans le cas de la dernière solution, il conviendrait de trouver alors qui pourrait « produire » les sacs pratiques à transporter, qui seraient vendus. Un schéma qui nous semble pertinent serait le suivant :

  • L’achat des sacs (quantité à définir) serait pris en charge par la commune, en travaillant avec des entreprises locales (personnalisation du sac « ville de Voreppe » possible, pourquoi s’en priver) ;
  • Ces sacs seraient donnés aux boulangeries ;
  • Les boulangeries les vendraient pour un prix minime (à définir) dans l’objectif de responsabiliser les clients à l’enjeu qu’est la réduction des déchets ;
  • Les recettes iraient à une association , une œuvre caritative ou des projets eco-citoyens.

En définitive, même si c’est la commune qui investit, elle participerait de manière indirecte à des associations d’intérêt général.

Le sujet reste bien entendu à construire, mais les objectifs nous semblent vertueux :

  • Limiter les déchets (et donc la production) de papier de pain, utilisés parfois pendant quelques minutes seulement ;
  • Sensibiliser les habitants de Voreppe à la limitation de ces déchets, en montrant que des actions à notre échelle sont possibles ;
  • Montrer que Voreppe est volontaire sur ce type d’action de développement durable, certes une goutte d’eau dans l’océan, mais dont l’image et la retombée pourrait faire tache d’huile au Pays Voironnais (il pourrait d’ailleurs être demandé une subvention à la CAPV au titre de sa politique de prévention des déchets) ;
  • Profiter de cette action pour tenter de faire travailler des entreprises locales, « personnaliser » les sacs, voire aider de manière indirecte es associations avec les recettes.

C’est dans ce cadre que nous avons sollicité la majorité pour travailler sur ce sujet.