Budget primitif 2023

Conseil municipal du 2 février 2023

Faisant suite au débat d’orientation budgétaire, le budget de la ville doit être voté dans les 2 mois qui suivent.

Il traduit les intentions de l’année à venir et la capacité dont dispose la ville pour agir.

Au delà des actions affichées, la situation financière de notre commune se dégrade fortement ce qui est très inquiétant.

Voici notre intervention en séance.


Je tiens en préambule à remercier les services pour le document de très bonne qualité fourni avec la délibération et de manière générale pour tout le travail effectué pour construire ce budget.

Le budget principale évolue de 4,64 % à 15,4 M€ dans un contexte de très forte inflation qui va nous impacter de manière importante.

Je ne vais pas rentrer dans le détail des actions ponctuelles et m’en tiendrai aux grands équilibres.

Nous constatons un fort effet ciseau sur le budget de fonctionnement ; C’est à dire que nos dépenses évoluent plus vite que nos recettes. Ce n’est pas soutenable à court-terme. Nous n’avons pas eu l’exposé d’une stratégie pour l’annuler. Quelle économies dans les dépenses ? Quelles nouvelles recettes ?

Du côté des recettes de fonctionnement,

Elles se rigidifient d’année en année du fait des réformes successives et notamment la taxe d’habitation dont la compensation est moins dynamique.

Concernant le produit des services,

Il y a un réel enjeu de location de l’arrosoir en semaine, ce pour quoi il a été également conçu. Il y a un gisement de recettes qui pourrait être mieux exploité.

Du côté des dépenses de fonctionnement,

L’augmentation sur ce budget est très forte du fait de la revalorisation du régime indemnitaire en plus du GVT. Comme indiqué dans le document, notre masse salariale est conforme à la moyenne des villes de notre strate.
Mais ce budget n’intègre pas toutes les dépenses attendues suite à difficultés de recrutement occasionnant des
vacances de poste et des absences de remplacement. Nous n’avons pas eu indication de montant (juste que 2 ETP) que cela représentait dès que ces difficultés seront résolues (et nous le souhaitons vivement pour que cette surcharge sur les agents ne dure pas)

Les charges à caractère général est un poste important qui augmente plus fortement que la moyenne du budget (5,3 %)

Cette augmentation est due aux coûts de l’énergie. La chaufferie bois nous aide beaucoup mais même les économies lancées en fin d’année dernière (extinction nocturne, température dans les bâtiments publics) ne compensent pas les augmentations (même si elles les atténuent)

Vous ne nous avez toujours pas présenté un plan d’action sur la sobriété des bâtiments, notamment en terme d’investissement. Nous espérons que la réfection annoncée du toit du gymnase de l’arcade sera cette fois l’occasion de parler isolation (contrairement à l’isolation du toit du gymnase de Pignéguy en 2017 pour un surcoût de 70 000 € que vous jugiez non rentable). Ces investissements dans l’entretien de nos bâtiments sont également l’occasion de générer des économies de fonctionnement (en plus d’être en accord avec la gestion de la crise climatique).

A ce titre, Voreppe Energies Renouvelales pourrait être plus volontariste. Cela fait des années (depuis son changement de nom) que l’on nous parle de la production d’energie diversifiée sur notre commue. Une présentation nous est enfin annoncée pour cette année. Espérons que les choix seront à la hauteur des enjeux.

Pour ce qui est de l’investissement,

Sur le plan des recettes, vous indiquez que, je cite, « la recherche de subvention est optimisée auprès des cofinanceurs tels que l’État, la région, le département, ou encore l’intercommunalité. » Encore heureux, on n’en attendait pas moins.

Par contre, la piste de la participation à des opérations de type « cœur de village » que vous indiquez est en effet à mettre en oeuvre au plus vite. Le projet Armand-Pugnot est déjà très avancé. Il ne faudrait pas rater le coche avec un projet qui ne s’inscrit pas dans les critères.
Mais n’est-il pas déjà inscrit dans un fond de concours de la CAPV sur les « coeurs de ville ». Il se pourrait que ce soit la CAPV qui obtienne la gestion de ces fonds « coeur de village » auquel cas, le projet serait-il éligible ?

Le principal problème de recette, notre capacité à agir et investir, est notre taux d’épargne brute qui s’écroule[1].

Il était de 12 % il y a quelques années, il est de 7 % sur ce budget et tombe à 3 % en prévision pour l’année prochaine.

C’est très inquiétant, car il traduit que notre capacité à financer nos investissements s’écroule alors que le contexte voudrait que l’on investisse de manière significative sur tout ce qui est transition pour faire face au changement climatique.

Je rajouterai enfin un petit mot sur le cinéma,
La subvention d’équilibre du cinéma versée par le budget général augmente très fortement cette année.
Il est prévu une hausse prudente de la fréquentation à 22 000 entrées (19 000 cette année) mais malheureusement aucun plan stratégique pour booster la fréquentation de manière significative ne nous a été présenté alors que les 1,2 M€ des travaux pour une deuxième salle visaient une fréquentation à 36 000 entrées.

Pour conclure,

Certes, il y a des mesures ponctuelles égrenées au sein des différents pôles qui s’inscrivent dans la démarche de transition nécessaire, mais elles ne sont pas organisées dans un plan d’ensemble.

Ce n’est pas à la hauteur du changement de cap, ou de l’intensification, annoncé le mois dernier lors du débat d’orientation budgétaire.

Les indicateurs d’équilibre budgétaire sont très inquiétants pour notre capacité à agir dans les années à venir. Mais nous ne tirerons pas sur l’ambulance, le contexte national est difficile et nous espérons que des mesures fortes seront prises au plus vite pour redresser la barre du budget de notre commune.

Nous sommes toujours en attente de la présentation d’un plan de sobriété et d’entretien des bâtiments promis pour un conseil privé. Toujours rien à l’horizon.

Plus généralement, l’urgence climatique que vous avez à juste titre pointée lors du débat d’orientation budgétaire, mérite la présentation d’une stratégie globale englobant tous les domaines comme l’énergie, les déplacements et notamment les modes doux et cycles (au-delà des seules actions du pays voironnais), l’agriculture et l’alimentation sur notre commune, etc …

Nous comprenons que cela prenne du temps, mais cela fait plusieurs années que nous le demandons et les marges de manœuvre budgétaires auraient pu être dégagées depuis le temps.
Vous nous l’avez promis pour cette année. Ne tardons plus !

Au bénéfice du doute, nous nous abstiendrons sur ce budget en indiquant que nous sommes dans l’attente d’une très prochaine présentation d’un plan de bataille pour contrer ce piètre budget et agir face à l’urgence climatique.


[1] Le taux d’épargne brut, contrairement à son nom, ne traduit pas les économies dont la ville.

« Le taux d’épargne brute (épargne brute / recettes réelles de fonctionnement) : ce ratio indique la part des recettes de fonctionnement qui peuvent être consacrées pour investir ou rembourser de la dette (ayant servi à investir). Il s’agit de la part des recettes de fonctionnement qui ne sont pas absorbées par les dépenses récurrentes de fonctionnement. Il est généralement admis qu’un ratio de 8% à 15% est satisfaisant. Ce ratio doit être apprécié en tendance et par rapport à d’autres collectivités similaires. » (voir par exemple https://www.exfilo.fr/lepargne-brute-indicateur-de-la-sante-financiere-des-collectivites/)

Donc, par analogie, l’épargne brute est ce qu’il reste sur le salaire d’une personne pour investir (ou économiser, rembourser ses emprunts) une fois qu’elle a payé toutes ses dépenses courantes (loyer, chauffage, alimentation, loisirs …)