Nouvelle dénomination du Parc Lefrançois

Conseil municipal du 26 juin 2025

C’est par une délibération très laconique de quelques lignes que la majorité a informé le conseil municipal que le Parc Lefrançois allait changer de nom pour « Parc Docteur Michel Hannoun – Maire de 1976 à 2001 – ancienne propriété Lefrançois ».

Aucune justification écrite de la raison de ce changement, seulement quelques mots de Mr le Maire pour justifier cette délibération.

Nous reproduisons ci-après l’extrait vidéo du conseil municipal (puisque qu’il n’y a plus de compte-rendu écrit officiel sur décision de la majorité).

Outre cette introduction et plusieurs interventions dénonçant cette lubie, lors d’un échange, Fabienne Sentis a été personnellement prise à partie (à 13:12 de la vidéo). Il est regrettable que Mr le Maire, pourtant responsable de la bonne tenue des débats, ne soit pas intervenu pour sanctionner un tel comportement.

Non, nous ne sommes pas d’accord avec ce changement de nom et Oui, nous avons le droit de nous exprimer !

En réponse à notre intervention, Mr Le Maire a usé d’arguments pour le moins surprenants sur le droit à l’oubli du manque de probité des élus, sous prétexte que la justice avait fait son œuvre.

S’il se place sur le terrain du justiciable, nous nous plaçons sur le terrain de l’éthique et de la moralité, raison principale pour nommer un lieu. Certes, la peine est purgée mais l’éthique impose de ne pas mettre en avant une personne qui n’a pas été intègre.

Au final, cette délibération a été validée malgré 8 votes Contre et 1 Abstention.

Voici notre intervention.


Ce soir, la majorité propose non pas de donner un nom à un parc «sans nom», mais de débaptiser le parc Lefrançois (reléguant ce nom à la mention : ancienne propriété Lefrançois) pour le re-nommer parc Michel Hannoun.

Une décision surprenante lorsque l’on sait que c’est Monsieur Hannoun lui même qui l’a nommé en souvenir de cette famille très connue des Voreppins.

Donner le nom d’un ancien maire à un lieu n’est pas en soi un acte exceptionnel.

Mais dans notre cas, vous ne nommez pas; vous débaptisez un lieu pour le re-nommer.

Débaptiser ou renommer des lieux peut s’entendre lorsque les noms historiques posent des questions éthiques ou remettent en question les droits fondamentaux; les exemples sont nombreux: quartier de la Négresse à Biarritz, fondation Abbé Pierre…

C’est aussi pour ces raisons que nous avions demandé qu’il n’y ait pas de salle de l’école de musique du nom de Michael Jackson.

Mais en quoi monsieur Jean Lefrançois a-t-il démérité pour subir cette relégation ?

D’autre part, doit-on limiter notre regard aux réalisations pour la commune, en occultant les parties moins reluisantes des activités des personnes ?

Maire apprécié par nombre de Voreppins, Michel Hannoun a été mis en examen en septembre 1996 pour abus de biens sociaux, recel, favoritisme et trafic d’influence.

Lors du procès en 1ère instance, le président du tribunal s’est exprimé en ces termes : « L’accusation vous reproche, soyons clair, un enrichissement personnel financé par des prestations fictives ou largement surfacturées ».

En 2001, en 2ème instance, il a été condamné à 6 mois de prison avec sursis et 200 000 francs d’amende.

Son nom apparaît aussi à partir de 2011, certes sans mise en examen, dans la tristement célèbre affaire du Médiator qui a fait plus de 500 morts, puisqu’à partir de 1999, il occupa plusieurs postes à responsabilité au sein des laboratoires Servier, un rôle qu’on appellerait aujourd’hui de lobbyiste.

Dans cette affaire, les laboratoires Servier ont été mis en examen pour je cite : « tromperie aggravée par la mise en danger de l’homme ainsi que ceux d’ingérence et de prise illégale d’intérêt, de complicité et recel », et pour « homicides involontaires par violation manifeste d’une obligation de sécurité ou de prudence » et de « blessures volontaires aggravées ».

Derrière l’image qu’il donnait aux Voreppins, il y a aussi cette réalité d’affairisme.

Certains des choix de Monsieur Hannoun ont fait qu’il n’est plus porteur d’exemplarité.

Nous ne comprenons pas pourquoi remplacer le nom, tout à fait pertinent au vu de l’histoire de Voreppe du parc Lefrançois, par celui d’un maire condamné à de la prison (certes avec sursis), qui plus est pour abus de bien sociaux ?

Comment pouvons-nous, nous, élus, soutenir un choix de nom qui va à l’encontre, non seulement des valeurs éthiques qui motivent notre engagement au service de l’intérêt général de notre commune, mais qui va aussi à l’encontre de ce que demandent les citoyens aux politiques à savoir transparence, équité, justice sociale…

Par cette nomination, vous valorisez malheureusement aussi l’affairisme.

Est-ce vraiment ce message que vous souhaitez faire passer à la population et surtout aux jeunes générations ?

Au regard de cela, nous vous demandons de retirer cette délibération.


Extrait de la séance du conseil municipal du 26 juin 2025 (de 03:22:21 à 03:39:12)


Sources des condamnations