Désolation sur la Roize


Comme vous, nous avons été choqués par le massacre à la tronçonneuse perpétué sur tout un alignement de 16 arbres de la promenade de Roize.

Nous avons pris le temps d’en chercher l’origine et d’obtenir des explications.

Il n’apparaît aucune justification à cet abattage systématique.

Une illustration supplémentaire, s’il en fallait, des conséquences désastreuses des décisions de la majorité.

Entre le bétonnage et les suppressions d’arbres, le greenwashing électoraliste devient évident. Au détriment des voreppins.


Un article dans le Voreppe Emoi de 2015 dont le titre était « L’arbre, une richesse à préserver » nous rappelait l’importance des arbres, trop mal connue [1]

Un article dans le Voreppe Emoi de septembre 2022 nous expliquait que, pour les privés, l’abattage des arbres est très réglementé et qu’il n’est pas possible de faire ce que l’on veut, même si l’arbre en question est malade ou dangereux…

L’édito du Voreppe Emoi d’octobre 2022 nous incite quant à lui à prendre conscience de notre impact écologique…

Enfin l’arbre reconnu à sa juste valeur ! Et pourtant…

16 arbres ont été abattus sur la promenade de Roize… et d’autres subiront le même sort l’année prochaine (voir page 14 du Voreppe Emoi d’octobre 2022 : « Une seconde phase d’abattage et de replantations aura lieu en 2023 ».)

Les propriétaires privés doivent donc demander une autorisation. Mais pour la mairie, même pas besoin d’en discuter en commission ! Il n’y a eu aucune présentation des abattages qui ont été réalisés, aucune discussion avant le fait accompli !

Certains arbres étaient malades, nous dit-on, d’après une étude de 2013 (depuis 2013 !! on voit que c’était une urgence de tout couper !). L’étude (que la mairie n’a pas daigné rendre publique) ne mentionne que 10 arbres sur l’ensemble de la promenade de Roize, dont certains étaient déjà coupés, et avec un planning d’abattage s’échelonnant sur 3 ans.[2]

Le Voreppe Emoi du mois d’octobre 2022 mentionne quant à lui «  des arbres en mauvais état sanitaire ou dont les racines soulèvent le revêtement de la voie verte » et parle d’une première phase…

Sans conteste, il est plus facile de couper que d’entretenir, de tailler… À moins que l’on ait abattu tous les arbres « à la suite », sans voir que tous ne méritaient pas ce destin ?

À tout le moins, on aurait pu s’attendre à un abattage raisonné (vous savez, comme le fauchage raisonné), avec une planification sur plusieurs années pour n’en abattre qu’un sur 3 par exemple… et replanter au fur et à mesure afin de maintenir un couvert ombragé.

En regardant de près l’étude ainsi que ce qu’il reste des arbres abattus (voir les dernières photos de ces désormais êtres vivants disparus par un coup de tronçonneuse), il faut croire que la majorité a du mal à lire et à voir correctement. Hélas, la conséquence est dorénavant irrémédiable… et ce pour de nombreuses années. On ne peut que … pleurer.

Interpellée, la municipalité a daigné répondre aux personnes qui se sont indignées sur les réseaux.

  • Soi-disant que les arbres étaient « en fin de vie » ; un être vivant en fin de vie (et qui, 9 ans après l’étude de 2013, a, défiant les pronostics humains tellement justes, encore un port majestueux) doit-il donc être abattu par principe de précaution ? Un peu facile, non ?
  • Soi-disant que le « système racinaire [dégrade] le revêtement de la voie verte » ; en effet, pour certains ; mais pas tous. La piste cyclable des digues de l’Isère a le même symptôme. Eh bien, visiblement, le « problème » a pu être résolu sans couper les arbres le mois dernier… Étonnant, non ?
  • Soi-disant que «  les nouveaux arbres seront jeunes, pour faciliter leur implantation, mais auront déjà un tronc de 10 à 18 cm de diamètre selon les essences. Ils produiront déjà un bon feuillage au printemps. ». 10 cm, cela représente la largeur de la paume de la main. De l’ombre au printemps donc ? Par des lilas des indes (5 sur les 19 plantés), qui plus est, dont on vous laisse chercher une image sur internet… Quelle tristesse d’y croire… Mais, réellement, la majorité qui a été élue y croit-elle elle-même  ?
  • Soi-disant que « l’état sanitaire ne se lit pas toujours dans les souches ». Certes, mais une souche saine signifie un tronc sain. Sauf erreur, on sait couper des branches « à l’état préoccupant » (on peut parler de « branches mortes ») sans pour autant que l’arbre soit coupé sans autre forme de procès. ; c’est d’ailleurs un procédé assez courant (on parle de taille, un mot couramment utilisé par les élagueurs).

On ne parle même pas de l’aspect mellifère des robiniers faux acacias, qui assuraient une présence indispensable d’insectes (dont les abeille, mais pas seulement) le long de la Roize et donc en plein centre de Voreppe… et dont les fleurs permettent de confectionner des beignets dont il ne nous restera que le souvenir…

Rassurez-vous, une nouvelle coupe est prévue pour 2023… Toujours sans concertation, bien évidemment.

On ne peut que conseiller de tout bétonner ensuite, comme cela nous serons certains d’être prêts pour les années à venir… et cohérents avec les communications du moment.

Faut-il rappeler le programme de la majorité qui voulait valoriser les « îlots de fraîcheur ». Voilà chose faite, ? Quel brio !!!

D’ailleurs, on espère que le bois coupé a pu être revalorisé localement ; pas d’information sur ce sujet non plus…

Par ailleurs, certaines communes se sont emparées du sujet de l’arbre et de son importance en « chiffrant » le coût de sa conservation… ou de son abattage. Elles ont même rédigé une charte de l’arbre (en version PDF complète).

Comme un voreppin sur Facebook l’a rappelé, le botaniste Francis Hallé a précisé dans son livre  : « Du bon usage des arbres – Un plaidoyer à l’attention des élus et des énarques » [3] :

« Ne croyez pas et – ne tentez pas de faire croire – que dix jeunes arbres vont remplacer un grand et vieil arbre abattu : c’est une contre vérité sociale, écologique et financière. »

En tout état de cause, sur un sujet aussi délicat, un simple encart dans le Voreppe Emoi n’est pas suffisant et n’est pas à la hauteur des attentes d’information des Voreppins. C’est presque un affront fait à la capacité de compréhension des citoyens.

Oui il faut gérer le patrimoine arboré de la commune ; mais cela commence par des discussions collectives et argumentées, voire publiques au vu de l’urgence climatique pour éviter les décisions radicales, irrémédiables… et stupides.

Cet abattage a été très visible et a donc fait réagir les citoyens.


De notre côté nous dénonçons cet énième déni de démocratie, d’absence de discussion en commission (ou ailleurs) et nous nous sentons démunis de découvrir comme vous tous les décisions une fois qu’elles sont irrémédiables, surtout sur un tel sujet.

Nous demandons à la mairie de publier l’étude de 2013 et la rendre accessible aux voreppins, ainsi que toutes celles (sûrement) réalisées postérieurement justifiant les raisons de l’abattage de chacun des 16 arbres.
En ligne avec l’esprit de « culture commune » rabâché dans les états généraux, cela nous paraît un minimum.

De notre côté, nous voyons au quotidien les conséquences désastreuses de la politique de la majorité dont il apparaît aujourd’hui clairement comme nous l’avions dit à l’époque que le programme municipal saupoudré de greenwashing n’était qu’une manœuvre électoraliste.

Entre le bétonnage et les suppressions d’arbres, nous pensons qu’il devient visible que les actes démentent le discours. C’est malheureusement vrai sur beaucoup d’autres sujets : culture, éducation, solidarités, soutien au tissu associatif, alimentation…


Extraits du Voreppe Emoi d’avril 2016 – Pages 10 et 11 – « L’arbre, une richesse à préserver »

Les arbres sont omniprésents dans l’environnement et ce même en milieu urbain. En plus de son rôle paysager, l’arbre joue un rôle central dans nos vies : il remplit des fonctions économiques, sociales et environnementales.

[…] L’arbre en ville. L’arbre a plusieurs fonctions que souvent nous ne connaissons pas. Il est un économiseur d’énergie car judicieusement planté il peut contribuer à réduire sensiblement les coûts reliés aux frais de chauffage durant l’hiver et à la climatisation l’été. Esthétiquement, il est un élément architectural à part entière entre autres et socialement il participe à la qualité de vie parce qu’il est source de bien-être physique et de santé mentale des citadins. Écologiquement, les arbres produisent de l’oxygène et purifient l’air par le phénomène de photosynthèse. Ce sont de véritables filtres à air : les polluants et les poussières en suspension dans l’air peuvent être captés par leurs feuilles, limitant ainsi leur circulation dans l’environnement. L’arbre permet la diversité biologique et constitue un attrait pour la faune. Il permet de lutter contre l’érosion des sols et améliore la qualité de l’eau tout en offrant une protection contre la chaleur et le bruit.

[…] Une gestion durable au quotidien. Une bonne gestion du patrimoine arboré est un investissement sur le long terme, et une marque de qualité.

[…] Avec près de 2 500 arbres en zone urbaine, Voreppe possède une richesse environnementale extraordinaire. Il est de notre responsabilité d’agir au quotidien pour préserver ce capital pour les générations à venir. Notre engagement de préserver le poumon vert de Voreppe trouve sa traduction concrète dans la réactualisation et la poursuite du plan de gestion arboré élaboré en 2013 »


Extraits du livre de Francis Hallé  « Du bon usage des arbres – Un plaidoyer à l’attention des élus et des énarques »

Abattre un arbre adulte et le remplacer par un ou plusieurs jeunes arbres est une triple arnaque!

  • une arnaque au titre du patrimoine : un arbre adulte marque l’histoire d’un quartier et est porteur de bien des souvenirs pour les habitants…
  • une arnaque économique : un arbre adulte ne demande pas d’entretien ou très peu (il faut juste couper le bois mort) alors qu’il faut acheter les jeunes arbres, les planter, les haut-banner, les arroser pendant plusieurs années et tout cela a un coût…
  • une arnaque écologique : Il faut attendre plusieurs dizaines d’années avant que les jeunes arbres deviennent adultes et aient la même empreinte écologique que l’arbre abattu (comprendre qu’ils absorbent autant de dioxyde de carbone, et autres gaz toxiques, piègent les poussières et aient une effet notable sur la température en dessous de leur feuillage..) »

Pour le citer de nouveau :

  • Respect : les arbres sont des êtres vivants, aussi vivants que vous ou moi. Mieux : ils sont nos protecteurs. Accordez-leur le respect auquel ils ont droit en tant qu’êtres vivants et ne les traitez jamais par le mépris, comme s’ils n’étaient que du mobilier urbain.
  • Anticipation : avant de planifier un édifice ou un quartier neuf, faites appel à un urbaniste qui saura placer d’abord les espaces verts et les lignes d’arbres : le bâti viendra seulement par la suite.
  • Compétence : sachez vous entourer des meilleures compétences pour le choix des essences, la plantation, les tailles de formation, l’élagage du bois mort et les diagnostics de sécurité.
  • Prévoyance : prévoyez, pour chaque arbre planté, un volume suffisant pour sa couronne et ses racines lorsqu’il sera devenu adulte : cela rend les tailles inutiles. N’oubliez jamais qu’un arbre non taillé n’est pas dangereux.
  • Modestie : ne plantez jamais de « gros sujets » destinés à faire impression : c’est à la fois une perte de temps et un gaspillage financier. La « frime » et les arbres ne vont pas ensemble.
  • Honnêteté : ne croyez pas – et ne tentez pas de faire croire – que dix jeunes arbres vont remplacer un grand et vieil arbre abattu : c’est une contrevérité sociale, écologique et financière.
  • Non-violence : ne taillez ni les branches ni les racines d’un arbre, sauf obligation absolue. Ce n’est pas esthétique et cela rend l’arbre dangereux.
  • Civisme : soyez intraitables avec les comportements laxistes et inciviques vis-à-vis des arbres en ville : chocs, mutilations, etc. Ils supportent très mal toute forme d’agression.

Extrait du rapport de 2013 :

Légende des cercles :

  • en rouge : « abattage urgent »
  • en orange : « abattage à N »
  • en jaune : « abattage à N+1 »